Comme le révélait notre article du 8 novembre dernier, l’extrémisme en Europe gagne du terrain. Le quotidien suisse LE TEMPS nous apprend que le Portugal, jusque là pays immunisé contre l’extrême droite, n’est plus une exception européenne. Les résultats des élections législatives anticipées du dimanche 10 mars dernier ont marqué un tournant pour le pays.
Au pouvoir depuis 2015, le parti socialiste a concédé la défaite lors de ce scrutin. LE PARISIEN indique que les quelque 11 millions d’électeurs portugais ont choisi l’alternance en faisant basculer le parlement portugais à droite. D’après LE MONDE, avec 29,49% des voix, le parti de centre droit, l’Alliance démocratique (AD), devance le parti socialiste en fort recul comparé au score de 44% obtenus lors des élections de 2022. C’est la progression spectaculaire de l’extrême droite qui a marqué le scrutin. En deux ans seulement, la droite radicale populiste du parti Chega a plus que triplé son score. Chega, qui signifie « ça suffit » en portugais, confirme son statut de troisième force du pays avec ce résultat historique.
Jusque là, le pays était l’un des rares en Europe à être dirigé par la gauche. La démission du premier ministre socialiste en novembre dernier suite à son implication dans une enquête pour corruption et trafic d’influence a ouvert la porte au parti Chega. Porté par un discours contre la corruption et l’immigration, le parti a déclaré être prêt et disponible pour former une majorité forte à droite au sein du gouvernement. Le journal LE MONDE indique que le parti vainqueur, l’AD, qui doit former une coalition pour gouverner, a refusé de le faire avec le parti d’extrême droite.
Ironie du sort, cette percée du parti Chega intervient quelques jours avant la commémoration du 50ème anniversaire de la Révolution des Oeillets qui a mis fin à la dictature fasciste dans le pays et à 13 années de guerre coloniale par le Portugal. Ce résultat arrive également quelques semaines avant les élections européennes de juin prochain. Comme l’ont montré les électeurs italiens ou néerlandais récemment, la droite radicale a bel et bien le vent en poupe à travers le Vieux Continent.
Par Lise Touarvraih