Neuf mois après sa mise en détention à la maison d’arrêt d’Akpro-Missérété au Bénin, Reckya Madougou a été condamnée à vingt ans de réclusion criminelle et 50 millions de francs CFA d’amende, par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) pour “complicité d’actes terroristes”.
L’opposante béninoise, dont la candidature à l’élection présidentielle du 11 avril dernier avait été rejetée, a été arrêtée quelques semaines avant le scrutin qui a vu le président Patrice Talon être réélu pour un second mandat avec plus de 86 % des voix. Reckya Madougou a été accusée d’avoir financé une opération visant à assassiner des personnalités politiques pour empêcher la tenue du scrutin et “déstabiliser” le pays.
Lors du procès l’ancienne ministre s’est présentée à la barre comme une farouche défenseure de la démocratie “Monsieur le Président, tout le monde aura compris que je ne suis pas une terroriste mais que je reste une brave militante qui, depuis une vingtaine d’années, s’investit dans l’éducation citoyenne des jeunes, le leadership et l’autonomisation des femmes (…) Je n’ai jamais été et je ne serai jamais une terroriste”.
Dès l’annonce de sa condamnation, des opposants politiques mais également Alioune Tiane, ancien responsable d’Amnesty International en Afrique de l’ouest et fondateur du Think thank africajom center, ont demandé la libération immédiate de Reckya Madougou, “Nous assistons de plus en plus à une espèce de criminalisation de l’opposition ou de l’activisme politique, parce qu’il y a des menaces beaucoup plus profondes avec on le sait les attaques qui ont eu lieu au Bénin qui doivent amener le chef de l’Etat à l’union”, a-t-il déclaré.
Cette condamnation intervient quelques jours seulement après celle de Joël Aïvo, autre opposant condamné par la même Criet à dix ans de prison pour blanchiment de capitaux et complot contre l’autorité de l’État.
Par Kady Kane