REJET MASSIF D’EMMANUEL MACRON EN OUTRE-MER

Alors que le président sortant Emmanuel Macron a été réélu pour 5 ans avec 58,5 % des voix, la surprise de ce deuxième tour est venue des Outre-Mer où Marine Le Pen a obtenu des scores historiques. 

À l’exception de la Nouvelle Calédonie, la Polynésie française ainsi que Wallis et Futuna où le président réélu s’est largement imposé, la candidate du Rassemblement National est arrivée en tête dans tous les territoires avec des résultats dépassant les 50 %. Elle a ainsi recueilli 50,69 % des voix à Saint-Pierre-et-Miquelon, 54,73 % à Saint-Barthélemy, 59,10 % à Mayotte, 59,57 % à la Réunion, 60,7 % en Guyane, 60,87 % en Martinique et 69,60 % en Guadeloupe.

Dans ces territoires ayant pourtant massivement voté en faveur de Jean-Luc Mélenchon au premier tour, les reports de voix semblent donc s’être largement dirigés vers sa rivale du RN. Selon Victorin Lurel, sénateur PS de Guadeloupe et ancien ministre des Outre-mer, ce basculement pourrait s’expliquer par une “réaction contre l’Etat central suite à la gestion de la crise sanitaire, la crise sociale, ou encore le chlordécone et non à un vote d’adhésion”. La campagne de Marine Le Pen, axée sur le pouvoir d’achat, a également pu rencontrer un écho favorable dans certaines régions où la “vie chère” nourrit un sentiment de colère.

Selon Frédéric Micheau, directeur général adjoint de l’institut OpinionWay, “Marine Le Pen a envoyé beaucoup de signaux à l’Outre-mer. Dans un sens, elle récolte ce qu’elle a semé (…) ces résultats reflètent la dédiabolisation en cours depuis 12 ans, date à laquelle Marine Le Pen a pris les rênes du Front national. Le souvenir de Jean-Marie Le Pen, empêché d’atterrir au Antilles en 1987 par un vaste mouvement populaire, permet de mesurer le chemin parcouru”.

Par Sandy Matongue