L’ITALIE REBAPTISE SES RUES POUR EFFACER SON HISTOIRE COLONIALE

D’après LE POINT, les dernières décisions des autorités de la ville de Rome tendent à mettre en lumière l’histoire coloniale du pays. Au moment même où certains pays africains changent le nom de leurs rues pour rendre hommage à leurs grandes figures locales plutôt qu’à celles rappelant un passé colonial parfois cruel (voir articles du 16/10 et du 19/12/2024), Rome se met à son tour à l’heure de la décolonisation. L’hebdomadaire révèle que la mairie de Rome a fait modifier, sur le site du système informatique qui étudie le nom des lieux, les légendes d’une vingtaine de plaques de rues. Cette mise en place vient en rappel d’actions menées depuis novembre par la municipalité de majorité centre gauche, visant à s’attaquer aux noms de rues liées à la douloureuse histoire coloniale du pays.

RFI rappelle qu’historiquement, l’Italie a tout fait, à l’instar des autres puissances européennes, pour se doter d’un empire colonial utile, mais un peu sur le tard. Ce passé colonial assez discret reste très visible dans la ville de Rome où l’on retrouve un musée colonial ou des rues portant le nom d’anciennes possessions italiennes majoritairement en Afrique orientale : Libye, Somalie, Érythrée et Éthiopie. Les événements survenus aux Etats-Unis autour de George Floyd ont pesé sur la volonté italienne de commencer un travail sur la présence de vestiges coloniaux, accompagnés de leur toponymie, dans l’espace public. Selon LA CROIX, à cette période, le conseil municipal de Rome avait déjà décidé de donner, à un arrêt de métro, le nom du résistant italo-somalien Giorgio Marincola, plutôt que celui d’Amba Arradam en référence à une campagne italienne fasciste en Ethiopie, dans laquelle planent des accusations de crimes de guerre.

Les différentes actions italiennes en Afrique, aussi brèves soient-elles, ont laissés des traces dans la toponymie de nombreuses villes. Dans la ville de Rome, c’est principalement dans le nord est de la cité, surnommé « le quartier africain », qu’existent la rue de l’Érythrée ou la via Tripoli. Les pouvoirs publics romains ont commencé un travail de “déconstruction” par le nom pour éliminer ce qu’ils estiment être un legs d’un autre temps.

Par Sandy Matongue