Près de 60 ans après la guerre de l’Algérie, l’Élysée reconnait l’assassinat, maquillé en suicide, de l’avocat et dirigeant nationaliste Ali Boumendjel. Cette reconnaissance fait partie des gestes d’apaisement recommandés par l’historien Benjamin Stora dans son rapport sur la colonisation et la guerre d’Algérie, afin de résoudre les tensions entre les deux pays autour de la mémoire de ce conflit.
“Le président de la République a reçu au Palais de l’Élysée quatre des petits-enfants d’Ali Boumendjel pour leur dire, au nom de la France, ce que Malika Boumendjel aurait voulu entendre : Ali Boumendjel ne s’est pas suicidé. Il a été torturé puis assassiné (…) Il leur a également dit sa volonté de poursuivre le travail engagé depuis plusieurs années pour recueillir les témoignages, encourager le travail des historiens par l’ouverture des archives, afin de donner à toutes les familles des disparus, des deux côtés de la Méditerranée, les moyens de connaître la vérité” a indiqué l’Élysée dans un communiqué.
Ali Boumendjel, avocat et ardent militant anticolonialiste, était membre de l’Union démocratique du manifeste algérien. “Ali Boumendjel laissait derrière lui un héritage politique important. Ses combats et son courage ont marqué à jamais les esprits algériens et français”, décrit l’Élysée dans son communiqué.
Le gouvernement algérien a demandé déjà à plusieurs reprises la reconnaissance des crimes coloniaux de la France. “Nous ne privilégierons pas de bonnes relations au détriment de l’histoire et de la mémoire, mais les problèmes se règlent avec intelligence et dans le calme, et non avec des slogans”, a précisé le président algérien Abdelmadjid Tebboune.
Par Éric Raque