Les Béninois votent pour élire leur président après une campagne émaillée de violences. La plupart des opposants sont soit en exil à l’étranger, soit condamnés par la justice, soit empêchés d’y participer du fait du nouveau Code électoral et d’une réforme institutionnelle.
Reckya Madougou, proche de l’ancien président Thomas Boni Yayi, est arrêtée à Porto-Novo après un meeting électoral. Elle est convoquée par le procureur pour être “entendue dans une affaire de terrorisme”.
Deux jours plus tôt, un responsable du parti d’opposition Les démocrates, Bio Dramane Tidjani et l’un de ses collaborateurs Mamadou Tidjani étaient incarcérés et inculpés pour “association de malfaiteurs”.
Sébastien Ajavon, en exil en France, après avoir déja écopé en 2018 de 20 ans de prison pour “trafic de drogue”, a été condamné à nouveau par contumace à cinq ans de prison ferme pour “faux, usage de faux et escroquerie”.
On vote aussi au Tchad où seuls six candidats ont été autorisés à se présenter face au Président Idriss Déby Itno. Les opposants les plus sérieux n’ont pas été autorisés à se présenter ou se sont retirés de la course présidentielle, à l’image du leader de l’opposition Saleh Kebzabo.
D’autres se sont résignés face à la violence d’État, à l’exemple de l’opposant Yaya Dillo sur lequel, la police et l’armée ont ouvert le feu, tuant sa mère, âgée de 80 ans, et blessant cinq autres membres de sa famille.
Deux autres candidats ont renoncé à participer à la campagne électorale : Mahamat Yosko et Ngarlejy Yorongar, ancien compagnon d’armes d’Idriss Déby en 1990.
Human Rights Watch (HRW) a élevé la voix contre cette “répression implacable (…) Les violations des droits humains et le déni des libertés fondamentales ont miné la crédibilité de l’élection”, estime l’ONG de défense des droits humains. Même le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, António Guterres, a “déploré le recours à la force” dans le processus électoral.
Par Binta Sow