UNE ENTREPRISE KENYANE TRANSFORME LA POLLUTION PLASTIQUE EN OEUVRES D’ART

Au Kenya, devant le fléau croissant des déchets plastiques, l’entreprise Ocean Sole recycle les tongs abandonnées en sculptures et jouets colorés.

Les morceaux de tongs arrivent sur les plages du Kenya par les rivières ou les vagues depuis l’autre bout de la planète. Ces sandales légères et bon marché sont plébiscitées à travers le monde mais polluent, comme beaucoup d’autres déchets plastiques, les océans et les plages de sable fin comme celles de Kilifi, sur la côte kényane baignée par l’Océan Indien.

Les tongs faites principalement de mousse et autres plastiques imitant le caoutchouc sont achetées par Ocean Sole, qui rémunère ainsi les volontaires qui ramassent les déchets sur les plages, et envoyées dans un atelier à Nairobi, où elles sont ensuite minutieusement nettoyées, puis collées pour constituer des plaques multicolores.

Des dizaines d’artisans, souvent d’anciens menuisiers, les sculptent ensuite avec brio en divers objets, dont des animaux, petits ou grands, qui trouvent preneurs principalement à l’étranger. Pour les plus grandes pièces, comme des éléphants ou des girafes d’environ deux mètres vendus plusieurs centaines de dollars, du polystyrène extrait de vieux réfrigérateurs est également utilisé. “Nos chefs-d’œuvre peuvent nécessiter quelque 2000 tongs”, affirme le directeur de la production, Jonathan Lenato.

L’entreprise fait face à une marée de plastique. Selon diverses estimations, entre 19 et 23 millions de tonnes de plastiques viennent s’accumuler dans les eaux du globe chaque année, un chiffre qui, sans action, devrait fortement gonfler dans les décennies à venir. 

Le fléau croissant des déchets plastiques sera au cœur des négociations pour un traité international sur les plastiques qui débuteront lundi 28 février lors d’un sommet des Nations unies à Nairobi. Les gouvernements seront exhortés à convenir d’un cadre pour réduire la pollution plastique de la source à l’océan, ainsi qu’à développer les techniques de recyclage déjà existantes.

Par Binta Sow