QUE SE PASSE-T-IL À AFRICA 24 TV ?

Les salariés de la chaine africaine AFRICA 24 TV sont en grève illimitée depuis le 22 décembre, face à l’absence du règlement de leurs salaires des mois d’octobre et de novembre 2021. Les employés avaient déjà assuré une journée de grève le 14 décembre suite à laquelle la direction s’était engagée à payer leurs salaires mais, comme rien n’a été fait à ce jour, ils ont décidé de reconduire le mouvement jusqu’au déblocage de la situation.

À sa création en 2009 par Constant Nemale, selon Capital.fr, “le président équato-guinéen Obiang Nguema Mbasogo avait injecté plus de 10 millions d’euros de capitaux auxquels s’ajoutaient 8,9 millions d’euros en achats d’espaces publicitaires (il avait promis d’en acheter 2,5 millions d’euros par an sur 5 ans). Soit un total de 19 millions d’euros”.

Suite à un dépôt de bilan en 2018, le Cameroun, sous l’aile du président Paul Biya, a repris la chaîne pour reprendre les actifs en créant une société française, Media France SAS. Selon un jugement du tribunal de commerce de Nanterre du 30 avril 2019, plus de 40 millions d’euros ont été versés à la chaîne depuis 2010.

Un plan de licenciement économique a donc été mis en place et le nombre de salariés a diminué drastiquement. Malgré cela, les employés sont toujours confrontés régulièrement au retard voire l’absence de paiement de leurs salaires.

Selon les confidences du lanceur d’alertes camerounais Boris Bertoit, la présidence de la République du Cameroun a décidé de ne plus mettre la main à la poche. Décision catastrophique pour la chaîne qui est à la limite du dépôt de bilan. 

D’après le site Camerounweb.com, le Cameroun, a apporté 10 millions d’euros à Afrimedia International, une holding luxembourgeoise qui détenait la chaine jusqu’en 2019. Malgré l’apport de la quasi-totalité des capitaux par l’État camerounais, c’est Constant Nemale qui conserve 74% des parts de la holding.

L’opinion publique a récemment critiqué ce type d’opération et Yaoundé ne veut plus supporter financièrement la chaîne. Un audit a d’ailleurs été demandé par Maurice Kamto, principal leader de l’opposition.

Par Tisha Campbell