LE DERNIER TIRAILLEUR SÉNÉGALAIS ACCUSE LA FRANCE DE MALHONNÊTETÉ

Alors que le film “Tirailleurs” avec Omar Sy sort ce jour au Sénégal, un des derniers tirailleurs sénégalais vivant de la seconde guerre mondiale, Ndiogou Dièye, nourrit toujours une rancœur contre la France, comme le rapporte l’AFP.

À 103 ans, Monsieur Dièye dit avoir été recruté dans sa ville natale, Thies, en mai 1940 : “On nous a obligés d’entrer dans l’armée pour faire la guerre, et la destination était inconnue”. Après son enrôlement, il passe quelques mois à Thiaroye, un camp militaire près de Dakar, pour l’instruction de base. Il part ensuite au Congo-Brazzaville puis au Gabon où il assiste à la prise de Libreville par les Forces françaises libres du général De Gaulle. Il prend ensuite la route de l’Arabie Saoudite puis du Liban où il apprend que la guerre en Europe est finie. 

Il est ensuite “informé” des évènements de Thiaroye où la France a tué des dizaines de tirailleurs qui réclamaient leur solde le 1er décembre 1944. “On amène quelqu’un en guerre. Il réclame son argent et tu le corriges. C’est aussi de la malhonnêteté”, s’indigne-t-il encore aujourd’hui.

Il retourne au Sénégal en avril 1945 avec le grade de sergent et intègrera par la suite la garde républicaine, future gendarmerie sénégalaise, avant sa retraite en 1972, à l’âge de 52 ans. “Je gagnais 500.000 FCFA (750 euros) par an avec ma pension”, soit 41.600 FCFA (63 euros) par mois. “Mais depuis deux ans, je n’ai pas ça. La France n’a pas respecté ses engagements. C’est malhonnête. Je compte sur Dieu et mes enfants pour vivre. Comme tirailleur, je n’ai rien”, se lamente-t-il.

Interrogé par l’AFP, l’historien Mamadou Koné souligne “Une forme d’ingratitude de l’État français. On les avait utilisés en leur disant qu’en versant leur sang, ils auraient les mêmes droits que les Français”. Près de 80 ans plus tard les tirailleurs sénégalais et leurs héritiers déplorent les retraites inférieures à celles de leurs frères d’armes français, ou encore la difficulté à obtenir des visas pour leurs descendants.

Par Sandy Matongue